Que reste t-il des accords de Paris cinq ans après son adoption par les 196 parties prenantes?
RFI nous livre les principales interrogations de ces accords telles qu'elles ont été publiées sur son site internet rfi.fr.
Climat: cinq ans après l’Accord de Paris, les résultats se font attendre
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Il y a cinq ans jour pour jour, le marteau du président de la COP21 retentissait à la tribune : l’Accord de Paris avait été validé par les 196 parties prenantes de la conférence. Cet accord validait l’objectif commun de diminuer les émissions mondiales de gaz à effet de serre pour limiter l’augmentation de la température globale à 2° maximum (si possible 1,5°), à la fin du siècle. Pourtant, 2020 s’annonce comme l'une des plus chaudes années depuis la révolution industrielle.
La COP21 à l’heure française
La 21e conférence des Nations unies pour le climat, la COP21, se tenait au Bourget à côté de Paris en décembre 2015 : 15 jours de longues discussions à huis clos entre les représentants des 195 pays plus l’Union Européenne, pour aboutir à un accord. Le président de la COP, Laurent Fabius, et l’ambassadrice de la France pour le climat, Laurence Tubiana, n’ont donc pas ménagé leurs efforts pour persuader des pays fortement émetteurs de gaz à effet de serre – les grands pays industrialisés et les pays pétroliers – de s’investir dans cette lutte, même si un accord conclu au sein des Nations unies étant forcément le fruit du consensus, les exigences en ont été rabotées.
L’Accord de Paris, ratifié par 55 pays représentant 55% des émissions de gaz à effet de serre, est entré en vigueur le 4 novembre 2016 – remplaçant le Protocole de Kyoto, échu en 2012 – : c’est le traité international le plus rapidement mis en œuvre de l’Histoire. Pour autant, les 17 pages de l’accord, si elles sont juridiquement contraignantes, n’imposent aucun moyen de coercition : pas de mécanisme de sanction en cas de non-respect des engagements ; c’est le principal reproche que lui ont adressé les ONG.
Un accord charnière
Aux oreilles des délégations des petites îles, particulièrement exposées au réchauffement climatique sans en être responsables, la signature de l’accord a pourtant résonné comme un espoir : « Nous avons conclu un accord qui change le monde, nous sommes convaincus que nous avons sauvé Tuvalu… et nous avons sauvé le monde », a déclaré le représentant des îles Tuvalu – un archipel du Pacifique sud.
La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, qui était alors députée écologiste, s’en souvient : « Je faisais partie des gens qui n’y croyaient plus, mais ce moment, où tout le monde s’est engagé à faire des efforts, restera gravé dans ma mémoire. »
Pour Corinne Le Quéré, climatologue à l’Université d’East Anglia (GB) et présidente du Haut Conseil pour le Climat (HCC) : « L’accord de Paris est un pas de géant, depuis, les émissions se sont infléchies en réponse aux politiques mises en place avant, et beaucoup de pays ont mis dans la loi les engagements pris (…) mais ça ne va pas assez vite. »
Cinq ans, ça passe vite
Depuis cinq ans, les pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre traînent des pieds pour réduire leur consommation d’énergie fossile et leurs émissions de gaz à effet de serre. En réponse à l’inaction des gouvernements, la société civile se mobilise, des mouvements de protestations et de désobéissance civile sont lancés.
Le 23 septembre 2018, à l’ouverture du sommet de l’ONU sur l’urgence climatique, Greta Thunberg, initiatrice du mouvement des grèves scolaires « Friday for Future », est invitée à la tribune : « Les gens souffrent, les gens meurent, des écosystèmes entiers s’effondrent, nous sommes au début d’une extinction de masse et tout ce dont vous pouvez parler, c’est de l’argent et du conte de fée d’une croissance économique éternelle. Comment osez-vous ? »
En France, des ONG organisent des décrochages de portraits du président Macron dans les mairies pour dénoncer l’inaction climatique du gouvernement. Félix, étudiant, militant d’Action Non Violente COP 21 et décrocheur de portraits : « La réalité du changement climatique est documentée, aujourd’hui, des gens voient la mer à leur porte et doivent quitter leur logement. On va continuer à se mobiliser car on a pas le choix, il faut protéger l’habitabilité de la Terre et de la France. »
Trop d’émissions et mauvaise trajectoire
En cinq ans, les gouvernements n’ont pas réussi à placer la planète sur la trajectoire de l’Accord de Paris.
Les émissions de gaz à effet de serre augmentent de 1,5% en moyenne chaque année depuis dix ans (en 2019, tous les records ont été battus : 59,1 milliards de tonnes émis), et on se dirige plutôt vers un réchauffement de +3 à +4° d’ici la fin du siècle. Le rapport annuel du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) nous dit que pour garder un espoir de limiter le réchauffement de la planète à 1,5° d’ici 2100, il faudrait diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 7,6% par an tous les ans jusqu’en 2030… on en est loin.
► À écouter aussi : L'accord de Paris sur le climat fête ses 5 ans: quel bilan?
En France, la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) qui donne, par tranches de quatre ans, la trajectoire de baisse des émissions à suivre pour respecter l’Accord de Paris, a été révisée à la hausse par décret le 21 avril 2020 et les efforts de la première tranche repoussés à 2023. Pour Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le Climat : « C’est un mauvais signal pour les entreprises et les investisseurs. » À Greenpeace, Jean François Julliard dénonce le retard de la France sur tous les objectifs qu’elle s’est elle-même fixés, en particulier dans la rénovation thermique des bâtiments, les transports, et l’agriculture.
Qu’attendre de la COP 26 ?
La prochaine COP, qui devait se tenir en 2020, a été décalée en raison de la crise sanitaire, elle se tiendra finalement à Glasgow, en Écosse, fin 2021.
Les membres de l’Accord de Paris devront tous, d’ici-là, produire leurs contributions nationales volontaires de réduction des émissions (NDC), et de grands pays ont d’ores et déjà fait des annonces : la Grande Bretagne s’engage à une réduction de 68% des émissions d’ici 2030, et les 27 pays de l’Union européenne se sont mis d’accord pour réduire de 55% leurs émissions à la même échéance. Mais les ONG jugent cet engagement insuffisant, elles demandent une réduction de 65%.
La Chine s’est engagée en septembre à atteindre la neutralité carbone avant 2060, ce qui réduirait le réchauffement, d’après l’ONG Climate Action Tracker, de 0,2 à 0,3° en 2100.
Joe Biden ayant annoncé le retour des États-Unis dans l’Accord dès son investiture, cela pourrait encore ôter 0,1° au réchauffement global.
Au total, 127 pays, responsables de 63% des émissions de gaz à effet de serre, se sont déjà engagés dans un objectif 0 émissions ou pensent à le faire.
Garder l’espoir, il n’y a pas le choix
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Je m'abonneLe 12 décembre 2020, à l’ouverture du sommet virtuel pour l’ambition climatique, monté à l’initiative de l’ONU et présidé par la Grande-Bretagne (COP 26) et la France, le Premier ministre du Royaume-Uni annonce la fin des subventions directes des énergies fossiles à l’international aussitôt que possible.
Poussés par leurs sociétés civiles, on a l’impression que les grands pays émetteurs font la course aux annonces. Mais cela est-il suffisant ?
L’Accord de Paris n’est pas contraignant, pour autant, le porte-parole de Greenpeace, Jean-François Julliard assure qu’« il faut que les engagements soient connus de tous et que la société exerce un rapport de force et de pression citoyenne, pour que les dirigeants politiques soient contraints de faire un maximum d’effort et les respectent (…) Mais les pays devront arriver à la COP26 avec des plans d’action, jusqu’ici c’est ce qui manque ».
Pour Pauline Boyer, de l’ONG Alternatiba, c’est le modèle économique qui est en cause : « Si on reste dans le dogme de la croissance, sur une planète finie, ça ne marchera pas, il faut en sortir. Le modèle libéral ne permet pas de trouver une solution, on a besoin de prendre du recul sur notre fonctionnement pour permettre d’avoir un avenir durable. »
► À écouter aussi : Accord de Paris: cinq ans après, ça chauffe pour le climat
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